Communiqué de presse

Par Le 08/06/2020

LA POLITIQUE DE LA STERNE AUX ŒUFS D’OR

 

Après deux ans et demi étonnants d’instruction, le Conseil d’État vient de rejeter la totalité des moyens dénoncés par la CAUB’ARC au sujet de l’extension démesurée de la RNN d’Arguin et des mesures réglementaires associées. Il valide ainsi finalement et sans réserve tous ceux avancés par le Ministère de la Transition écologique et solidaire.

 

Il ne retient pas par contre l’intervention à la cause de l’association Coordination Environnement du Bassin d’Arcachon. Il a évité ainsi de conforter la situation partiale de la SEPANSO, gestionnaire de la RNN d’Arguin et, à la fois, membre du conseil d’administration de cette CEBA

La CAUB’ARC tient à remercier tous les contributeurs qui ont permis de tenter de défendre des usages et des libertés ancestrales locales face à des directives partisanes venues d’ailleurs sans réel fondement d’études scientifiques contradictoires commandées par des gestionnaires indépendants.
 

Même l’avis du Commissaire enquêteur gérant l’enquête publique préalable au décret exprimé avec des réserves suspensives ( Lever de l'interdiction du mouillage de nuit  Supprimer la création de zones de mouillage délimitées .  Supprimer l'obligation de surface minimale pour la ou les ZPI …/… il faut au contraire, à mon avis, offrir des solutions de compromis et de partage entre les trois activités : réserve, ostréiculture et plaisance), a été négligé par la Ministre de l’époque, Ségolène Royal.
 

La seule satisfaction que la CAUB’ARC retire de cette décision est la régularisation tant attendue par les professionnels des 45 ha nécessaires pour les exploitations ostréicoles qui avaient déjà logiquement pris place depuis des années.

LES MOTIFS CRITIQUABLES AVANçÉS PAR LE CONSEIL D’ÉTAT :

En premier lieu, le décret ne devait pas être signé par le Conseil d’État mais bien par la Ministre Ségolène Royal car les communes de La Teste-de-Buch et de Lège Cap-Ferret ne sont pas, en aucune manière, titulaires de droits réels relatifs au territoire de la RNN.

Se pose alors quand même la question de savoir si la potentialité de percevoir des redevances d’AOT maritimes par des emplacements de corps-morts (ZMEL), ne constitue pas un droit réel au bénéfice des communes concernées ?

 

Pour le Conseil d’État et donc le Gouvernement, il n’était pas nécessaire de consulter le Conseil de gestion du PNM BA dès sa mise en place puisque l’Agence de tutelle des Aires Marines l’avait été préalablement. Pourtant il avoue que les consultations officielles se sont achevées en juin 2016, soit un an et demi après l’installation de cette entité locale représentative…Il y avait apparemment une urgence pour certains !

 

Vis-à-vis du Conseil Maritime de Façade, il semble que la négligence des responsables locaux ait été également de mise. Même si sa consultation n’a pas été respectée, ce vice de forme n’est pas grave car, selon le Conseil d’État, rien ne dit que son désaccord éventuel aurait fait changer la décision finale…

 

L’extension de plus de 300 % de la RNN d’Arguin d’origine a été exclusivement motivée par la nécessité, selon l’État et ses serviteurs, de ne plus devoir faire évoluer régulièrement le périmètre de la RNN d’Arguin en fonction de l’évolution géomorphologique des terres émergées, comme cela s’est fait portant pendant 30 ans. En définissant un immense et nettement plus large polygone intégrant ces bancs de sable découvrant, le problème était administrativement réglé.

 

Or, ce qui est affirmé vrai et nécessaire pour la RNN elle-même, ne l’est pas pour les ZPR (zone de protection renforcée – art. 5 du décret) qui conservent exactement ces anciennes modalités périmétriques. Pour quels territoires ? Précisément pour les terres émergées !... C’est du bon sens administratif ! Il doit y avoir derrière tout cela un intérêt politique à afficher aux gestionnaires européens et alliés de campagne des efforts nationaux de classement naturel de nos territoires les plus importants possibles.

 

Les mesures de sanctuarisation complétant l’extension de la RNN ont été prises pour la protection de certains oiseaux (le Gravelot à collier interrompu, l’Huîtrier-pie et la Sterne caujek) vis-à-vis des nuisances humaines.

Pourtant les effectifs de ces oiseaux protégés n’évoluent pas depuis presque 10 ans malgré les immenses extensions de Zones de Protection Intégrale. En revanche, ces nouveaux territoires de nichées profitent à tous leurs prédateurs, y compris surtout à ceux qui se développent naturellement sur place : les goélands (de 8 couples en 2010 à presque 300 en 2018)

 

Le Ministère de l’Écologie n’a jamais fait établir d’étude scientifique démontrant la corrélation entre l’évolution de l’avifaune et la fréquentation humaine. Ce ne sont que des a priori partisans formulés par l’entité engagée politiquement qu’est la SEPANSO mais ayant quand même obtenu la délégation de la gestion de la RNN d’Arguin.

Cette association n’a même pas été capable, selon ces obligations contractuelles et légales, de mettre à jour tous les 5 ans, depuis 2006, le plan de gestion de la RNN.

 

Elle indique dans son rapport d’activité de 2019 : « le plan de gestion pourra également s’intéresser à la problématique de la fréquentation humaine du banc ». Donc, c’est bien cela : rien n’est encore fait ! Mais des coupables présumés sont déjà punis.

En revanche, face à la raréfaction des Sternes qui conditionne sa légitimité politique, la SEPANSO a demandé à la Préfecture de les autoriser à appliquer des mesures de chasse de ces prédateurs !

 

La CAUB’ARC confirme son attachement à préserver raisonnablement et durablement la biodiversité du plan d’eau du Bassin d’Arcachon. Car il s’agit de la qualité de notre cadre de vie pour les quelques rares sites maritimes encore accessibles du fait de la réglementation exagérée et de l’envasement.

 

Le partage des territoires devrait être un principe acté comme l’avait suggéré le commissaire enquêteur. Leur gestion devrait être assurée exclusivement par une entité à fonctionnement démocratique, représentative et indépendante. Celle du PNM BA s’impose.

 

D’autant que la SEPANSO, association 1901 gestionnaire actuelle, bénéficie d’un commissionnement de police qui lui permet de dénoncer des écarts directement auprès du procureur. Hélas, certains comportements comme notamment l’exagération des chiffres dénonciateurs, l’absence de discernement faisant enlever devant les caméras des parasols aux familles en plein soleil, le port abusif des insignes nationales sur leurs bateaux, démontrent l’incompétence tendancieuse de ce gestionnaire délégué.

 

En conclusion, même si les communes intéressées ne sont pas d’accord, même si les entités locales représentatives de gestion du territoire maritime (Conseil Maritime de Façade, Parc Naturel Marin du Bassin d’Arcachon) ne sont pas dûment consultées, ce n’est pas grave selon le Conseil d’État, dès l’instant où l’objectif écologique est atteint et que les moyens sont mis en place.

 

S’il n’y a pas d’étude scientifique autre que des avis partiaux fournis pas le gestionnaire de la RNN engagé politiquement, ce n’est pas grave non plus.

 

Avec plus d’un million d’euros de subventions publiques, la SEPANSO pourra continuer de militer grâce à la Sterne aux œufs d’or.

 

Joël Confoulan, président de la CAUB’ARC

 

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