Interdiction de pêcher le bar: la fronde s'organise

Par Le 24/01/2018

Nous relayons le messages des pêcheurs qui veulent se battre contre cette mesure de l'Europe, voulant interdire la pêche de loisir du Bar au dessus du 48eme parallèle.

L'interdiction de pêcher le bar au-dessus du 48e parallèle leur est restée en travers de la gorge. Vendredi, au port de Penzé, un groupe de cinq pêcheurs a décidé de monter au créneau. Ils invitent les mécontents à les rejoindre pour organiser la défense d'une pêche loisir qui, selon eux, a le dos bien large.
C'est peu de dire que Philippe Bras, Jacques Le Lez, Alain Guillou, Philippe Cadiou et François Bossard sont remontés. Si ce quintet d'amoureux de la pêche s'est réuni, vendredi soir, au port de Penzé, c'est pour faire passer un message clair, net et précis : « Ça suffit. Il faut arrêter de nous prendre pour des c... On n'est pas obligés de tout accepter. On va se défendre ». Dans leur collimateur, « ces technocrates » qui ont décidé d'interdire aux plaisanciers et pêcheurs de bord de mer ou de rivière, de pêcher le bar au-dessus du 48e parallèle. C'est-à-dire au nord du raz de Sein.
« Comme le nuage de Tchernobyl »
« Pourquoi le 48e ? On ne sait pas. Car des bars marqués par Ifremer du côté de Perros ont été pêchés dans le golfe de Gascogne. Cette histoire, c'est un peu comme celle du nuage de Tchernobyl : on veut nous faire croire que le bar s'arrête à la frontière du 48e parallèle. C'est n'importe quoi », s'énerve Philippe Bras, élu à Plouvorn. Toujours est-il que si l'an dernier, ils étaient autorisés à pêcher un poisson par jour, hors période de reproduction de l'espèce, les pêcheurs doivent désormais pratiquer le « no kill » et remettre à l'eau le moindre bar hameçonné, sous peine de très grosses amendes.
La grande distribution pointée du doigt
« Ce qui nous agace, reprend Alain Guillou, c'est que l'Europe, qui veut se donner bonne conscience, semble nous tenir pour responsables de la raréfaction du bar puisque la règle ne s'applique à personne d'autre ». Et de pointer du doigt les pêcheurs professionnels et surtout les énormes bateaux de la grande distribution. « En un coup de chalut, ils pêchent ce que toute la plaisance pêche en une saison, soupire Jacques Le Lez. Moi, quand je fais cinq bars dans l'année, je suis content ».
Et c'est sans compter les dégâts causés ces dernières années par la pêche électrique, reprennent en choeur ses collègues. « C'est un désastre. Derrière, c'est le désert ; il n'y a plus rien. Avant, pour nous, le bar, c'était 42 cm minimum mais les gros bateaux ramassent tout, qu'importe la taille. Les gros poissons vont en criée et les petits sont transformés en farine ». Selon ces cinq copains, cette décision européenne va avoir des impacts non négligeables sur la pêche de loisir, en plongée, et sur les ligneurs. Et même jusqu'aux chantiers navals et magasins qui vendent du matériel de pêche.
Pour eux, c'est une filière que l'on tue à petit feu. « Et ce n'est pas fini. Aujourd'hui, c'est le bar mais demain, ça risque d'être le lieu, le saumon... Et puis, on nous demandera d'avoir un permis de pêche. Ça s'arrêtera où ? On paye les pots cassés alors que nous ne sommes pas responsables de la situation », confie Philippe Cadiou. Qui admet toutefois qu'il y a aussi du ménage à faire dans leurs rangs car « certains font n'importe quoi ».
Fédérer et agir
Ne souhaitant plus rester dans son coin à ruminer sans rien faire, ce groupe de pêcheurs entend fédérer les mécontents autour d'eux. « Tout ça est aberrant. Cette interdiction ne suffira pas. Ça ne changera rien à la situation, même si ça dure dix ans. Nous, on fait ça pour le plaisir. Si on veut vraiment sauver la planète, ce n'est pas sur les petits qu'il faut taper. Il faut une prise de conscience politique », assure Philippe Bras, qui a donc multiplié les courriers aux élus du secteur. Pour lui, la fédération de plaisanciers, pourtant puissante, n'a pas assez bougé. C'est pourquoi il souhaite organiser une réunion au plus vite avec tous ceux qui souhaitent agir. Et d'évoquer « une grande manifestation et des coups d'éclats ».

Contact
Philippe Bras, brasph@wanadoo.fr

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